Lorsqu'on cherche à acheter du vin responsable, le premier réflexe est souvent de se tourner vers le bio.
Ce label s'est imposé comme une référence en matière d'écologie et de durabilité, inspirant la confiance des consommateurs. Son cahier des charges strict exclut les pesticides de synthèse et favorise des pratiques naturelles, ce qui semble être un gage de respect pour l’environnement.
Cependant, cette vision mérite d’être nuancée. Contrairement aux idées reçues, le bio n’est pas exempt de traitements chimiques, et certaines pratiques naturelles peuvent parfois avoir un impact plus négatif que prévu.
Par ailleurs, d’autres certifications comme HVE (Haute Valeur Environnementale) et Terra Vitis proposent des approches différentes, parfois plus adaptées à certaines réalités du terrain.
Alors, le vin bio est-il toujours le meilleur choix ? Faut-il s’intéresser à d’autres labels pour faire un achat vraiment écoresponsable ?
Tour d’horizon des certifications écoresponsables
Dans le monde du vin, plusieurs labels assurent des pratiques plus respectueuses de l’environnement : BIO, HVE et Terra Vitis.
- Le label BIO interdit les produits chimiques de synthèse et privilégie des solutions naturelles comme le désherbage mécanique et les insecticides d’origine naturelle.
- HVE et Terra Vitis offrent plus de flexibilité, avec des restrictions strictes sur l’usage de produits de synthèse. L’objectif est de minimiser l’impact environnemental tout en permettant aux viticulteurs de protéger efficacement leurs cultures.
Ces certifications poursuivent toutes un but commun : favoriser des pratiques durables. Toutefois, HVE et Terra Vitis peuvent, dans certains cas, aller au-delà des exigences du bio sur certains aspects, soulevant ainsi la question de leur efficacité comparative.
Nuancer les bienfaits du bio
Pour mieux comprendre ces différences, nous avons interrogé Sébastien Boyer, directeur de la Cave Coopérative de Coursan, Armissan et Béziers en Languedoc-Roussillon.
Selon lui, l’idée reçue selon laquelle le bio n’utilise aucun pesticide est fausse :
« Le terme ‘pesticide’ fait peur, mais le bio en utilise aussi, même si ceux-ci sont d’origine naturelle. »
Or, certains insecticides autorisés en bio, comme le pyrèthre, ont un spectre d’action très large et peuvent nuire à l’ensemble de la biodiversité, contrairement aux produits de synthèse ciblés autorisés par HVE et Terra Vitis. Il souligne que « dans le cas du pyrèthre, les effets néfastes sur la biodiversité peuvent être plus importants, car cette molécule ne fait pas la distinction entre le ravageur ciblé et les autres insectes. »
Un autre enjeu concerne l’empreinte carbone. Remplacer les traitements chimiques par des alternatives mécaniques peut s’avérer énergivore : « Le désherbage mécanique mobilise des machines à moteur thermique, ce qui alourdit le bilan carbone. »
De plus, il ajoute que « certaines substances naturelles utilisées en bio proviennent d’une agriculture intensive située à l’autre bout de la planète, ce qui augmente encore l’impact écologique. »
Il existe néanmoins des alternatives plus durables, comme l’introduction de moutons dans les vignes pour brouter l’herbe, mais elles restent difficiles à mettre en place à grande échelle : « Si vous avez 50 hectares à désherber, ça va être très compliqué à gérer. »
Vers un choix plus éclairé
En fin de compte, choisir un vin écoresponsable est plus complexe qu’il n’y paraît. Si le bio reste une référence, il ne doit pas être perçu comme la seule option. HVE et Terra Vitis proposent des approches complémentaires qui, selon les cas, peuvent être plus adaptées.
Plutôt que de suivre un label les yeux fermés, il est important de s’informer sur les pratiques réelles des producteurs. L’avenir du vin durable repose sur l’innovation et une réflexion approfondie sur les meilleures solutions à adopter pour allier qualité, respect de l’environnement et efficacité.