N’avez-vous jamais regardé le ciel en vous demandant s’il existait une forme de vie supérieure ? Et si, depuis tout ce temps, vous ne regardiez pas au bon endroit ? Notre époque est marquée par la dernière grande innovation de l’Homme : l’intelligence artificielle. Plus rapide et plus performante que jamais, pour certains, elle semble être la réponse à tous nos problèmes. Pour d’autres, elle représente une nouvelle source de pollution préoccupante.
Mais alors, que pouvons-nous réellement attendre de l’intelligence artificielle ? Comment pourrait-elle nous être bénéfique ? Et à quel prix ?
1) Ce que l’IA fait aujourd’hui
L’IA possède un immense potentiel pour la transition écologique. Adam Elman, responsable du développement durable pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient chez Google, résume cette opportunité en déclarant : « Nous voyons l’IA comme une occasion pour le climat ».
L’IA dite « Green AI » est aujourd’hui utilisée pour aider l’écologie. Par exemple, elle permet de mieux comprendre les changements climatiques et d’optimiser l’installation des éoliennes en fonction des modifications des vents. Elle joue également un rôle clé dans l’optimisation des réseaux électriques.
Surveillance et préservation des écosystèmes :
L’IA est utilisée pour analyser et surveiller les écosystèmes en temps réel. Grâce à des algorithmes sophistiqués et à l’analyse d’images satellites, elle détecte rapidement les anomalies telles que les incendies ou la déforestation illégale, permettant ainsi une intervention plus rapide et efficace.
Gestion durable de l’agriculture :
Grâce aux capteurs connectés et aux systèmes d’analyse de données, l’IA permet une gestion plus efficace de l’eau et des pesticides. Elle peut élaborer des modèles prédisant les besoins exacts des cultures en fonction des conditions climatiques et du sol, réduisant ainsi l’utilisation des ressources et améliorant les rendements tout en minimisant l’impact environnemental.
Réduction des gaz à effet de serre :
L’IA optimise l’efficacité énergétique en ajustant automatiquement le chauffage, la ventilation et la climatisation selon les habitudes des occupants, réduisant ainsi le gaspillage.
Google l’exploite déjà à grande échelle : ses centres de données ont diminué leurs dépenses énergétiques de 40 % grâce à l’IA, qui régule le refroidissement en temps réel. À domicile, les thermostats intelligents Nest ajustent la température selon les routines des habitants, permettant d’économiser 7 millions de tonnes de CO2.
Transport et mobilité durable :
Les systèmes de gestion du trafic basés sur l’IA aident à fluidifier la circulation, réduisant ainsi les embouteillages et les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2021, cela a permis d’éviter 2,9 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 660 000 voitures retirées de la circulation. L’optimisation des itinéraires pour les transports en commun et la livraison contribue également à la réduction de la consommation de carburant.
2) Une avancée pour l’écologie
L’innovation continue en matière d’intelligence artificielle donne naissance à des technologies vertes révolutionnaires. Des projets de recherche exploitent l’IA pour développer des matériaux recyclables, améliorer les batteries des véhicules électriques et concevoir des solutions de capture et de stockage du carbone.
MatterGen : une IA pour de nouveaux matériaux :
Créée par Microsoft, l’IA générative MatterGen permet de découvrir de nouveaux matériaux avec un fort potentiel énergétique. Elle aide à concevoir des batteries plus performantes pour les véhicules électriques et des cellules solaires plus efficaces, rendant ainsi les énergies vertes plus compétitives.
Elle contribue également à la création de matériaux absorbants capables de capturer le carbone, réduisant ainsi l’impact environnemental des industries. Selon Microsoft, ces matériaux ont 15 fois plus de chances d’être énergétiquement viables et stables que ceux découverts par des méthodes traditionnelles.
AI for Climate and Nature : un défi mondial :
Le Bezos Earth Fund a lancé un grand défi doté de 100 millions de dollars pour encourager les partenariats entre experts en climat, nature et intelligence artificielle. Créé par Jeff Bezos, ce fond vise à mobiliser l’IA pour répondre aux défis environnementaux pressants en finançant des chercheurs universitaires, des organisations non gouvernementales, des entreprises privées et des institutions mondiales.
Les domaines prioritaires incluent les protéines durables, la conservation de la biodiversité et l’optimisation des réseaux électriques. Une catégorie « Wild Card » permettra également de financer des projets innovants en dehors de ces thématiques. Les premiers lauréats seront annoncés début 2025, notamment sur les avancées en matière de protéines durables.
SurfPerch : une IA au service des récifs coralliens :
En collaboration avec Google Research et DeepMind, l’outil IA SurfPerch aide les biologistes marins à mieux comprendre les écosystèmes coralliens. Google a constitué une bibliothèque de nouveaux sons de poissons, utilisée pour affiner cet outil, désormais capable de détecter rapidement de nouveaux sons de récifs. Ce développement permet d’analyser des ensembles de données sonores avec une efficacité accrue, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour la conservation des récifs et l’étude des communautés marines.
3) Les défis et impacts environnementaux de l’IA
Malgré ses nombreux avantages, l’IA pose également des défis environnementaux majeurs. En effet, cette technologie engendre une pollution considérable, notamment à travers la production de déchets électroniques.
Une étude publiée dans Nature Computational Science estime que l’IA pourrait générer entre 1,2 et 5 millions de tonnes de déchets électroniques d’ici 2030, soit l’équivalent de 10 milliards d’iPhones mis au rebut.
La consommation énergétique des data centers :
L’IA repose sur des infrastructures lourdes nécessitant des serveurs, des GPU et des unités de stockage à durée de vie limitée. Les centres de données consomment d’énormes quantités d’énergie et d’eau pour refroidir les processeurs. En 2023, Amazon, Meta, Google et Microsoft ont acheté 29 % des nouveaux contrats d’éolien et de solaire dans le monde pour compenser leur consommation énergétique.
L’empreinte carbone et la consommation d’eau :
Une requête sur ChatGPT consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche sur Google. L’entraînement du modèle GPT-3 a nécessité l’équivalent de l’énergie consommée annuellement par 120 foyers américains, et son successeur GPT-4 a multiplié cette consommation par quarante. En parallèle, l’entraînement d’un modèle de langage comme GPT-3 a nécessité 700 000 litres d’eau, illustrant la pression que cette technologie exerce sur les ressources naturelles.
Il est donc essentiel de ne pas idéaliser l’IA et de chercher des solutions pour améliorer son impact environnemental.
Au final, l’intelligence artificielle se révèle être un outil pour la transition écologique. Elle permet d’optimiser nos ressources, de surveiller et protéger nos écosystèmes, d’améliorer l’efficacité énergétique et de développer des solutions innovantes pour un avenir plus durable. Cependant, ces avancées ne sont pas sans conséquence : la consommation énergétique des centres de données, la production de déchets électroniques et l’empreinte carbone des modèles d’IA soulèvent des préoccupations majeures.
Ainsi, l’IA ne peut être considérée comme une solution miracle. Son développement doit s’accompagner d’une réflexion sur son impact environnemental et d’efforts pour la rendre plus éthique et durable. Si ces défis sont relevés, l’intelligence artificielle pourrait bien devenir un élément clé d’un futur où l’innovation et la préservation de notre planète avancent main dans la main.